HISTOIRE D’UNE THÉRAPIE BRÈVE

lavande

 

"Vous ne pouvez rien apprendre à un homme, vous pouvez seulement lui apprendre à découvrir en lui-même ce qu'il sait déjà". Cette citation de Galilée pourrait résumer à elle-seule l'article que vous trouverez ci-après.

Michelle traversait une période douloureuse de sa vie et c’est dans le plus profond désespoir qu’elle était venue me consulter. Je vous explique dans cet article comment elle a su dépasser ses souffrances provoquées par le décès de son mari et comment elle a su retrouver la joie de vivre.

Je rencontre Dominique au cours d’une soirée. Elle a appris que j’étais somatothérapeute. Elle m’interroge sur les différentes techniques psycho-corporelles dont elle a très vaguement entendu parler. Elle me parle de sa sœur (Michelle). Elle est très inquiète pour elle. Son second mari est décédé après une longue maladie. Michelle ne s’en remet pas. Elle a quitté provisoirement sa région pour venir à Paris afin de fuir sa solitude, son désespoir et ses souvenirs. Elle pleure sans cesse. Dominique lui conseille vainement depuis plusieurs semaines d’aller consulter un thérapeute afin de l’aider dans ce passage douloureux de son existence. A la suite de cet échange, je lui propose de transmettre mes coordonnées à Michelle en lui "suggérant" qu'elle pourrait, le cas échéant, me consulter. Cette "suggestion" devant être faite, bien entendu, avec tout l'amour et la tendresse dont Dominique semble faire preuve vis-à-vis de sa sœur.

PREMIÈRE RENCONTRE : nos premiers échanges

Un mois plus tard, Michelle m’appelle afin que nous convenions d'une date de consultation. Je remarque le ton sec et cassant de sa voix. Un rendez-vous est fixé pour la semaine suivante.

Lorsque Michelle entre dans ma salle de consultation, je remarque son visage fermé. Elle a la cinquantaine environ. Sa silhouette est lourde, son dos voûté. Je lui propose de s’installer dans la position de son choix, assise ou allongée, comme elle le «sent». Elle s'assoit, jambes allongées. Je perçois alors les tensions de son corps. Son visage est sévère.

Je m’assois face à elle et lui pose la question que je pose à tout patient la première fois, à savoir, le motif pour lequel elle est venue me consulter. La réponse ne se fait pas attendre : «je suis contre les psy; je suis ici parce que ma sœur me l’a demandé; je n’ai pas envie de raconter ma vie». Je comprends aussitôt sa souffrance. Je la rassure en lui disant qu’elle n’est pas obligée de «tout» dire, que je respecte son rejet des «psy» d’une manière générale mais que je souhaiterais néanmoins comprendre la raison de ce rejet. Michelle ne se livre pas facilement. Par toute une série de questions (principe de la maïeutique), je finis quand même par découvrir l’origine de ce rejet : la première épouse de son mari était partie avec son psychanalyste et il lui avait fait promettre que JAMAIS elle ne consulterait un "psy" ! Je sens que, pour elle, cette révélation est extrêmement pénible. Je perçois sa fragilité, elle est cependant plus réceptive qu’à son arrivée. Elle se détend enfin. On dirait presque qu’elle a «oublié» qu’elle était là parce que sa sœur le lui avait suggéré ! Je lui demande alors ce qu’elle attend de moi : «Je ne veux plus de cette souffrance, je ne veux plus passer mes journées à pleurer … ».

C’est à ce moment de la consultation que je lui explique comment je travaille. Je lui parle brièvement des différentes méthodes et techniques que j’utilise, à savoir, la somatothérapie, le somatodrame, la relaxation, le massage thérapeutique mais également le dialogue en face à face. Je lui propose alors que nous travaillions ensemble sur une dizaine de séances environ à raison d’une séance par semaine. Michelle m’écoute attentivement.

Dans un premier temps, je lui propose de s’allonger en lui expliquant que je vais poser ma main sur son sternum. Je lui suggère de se détendre en fermant les yeux et lui demande s’il lui est possible d’évoquer ce qu’elle ressent, émotionnellement, par rapport à son mari décédé depuis bientôt un an. Michelle commence à parler mais ses sanglots l’empêchent de poursuivre cette verbalisation. Je la sens gênée d’avoir "lâché prise". Dans un second temps, je la rassure en lui expliquant que cette étape est nécessaire pour se libérer de cette souffrance. Lorsqu’elle s’en va, sur le pas de la porte, elle me tend la main pour me dire au revoir. Son corps est plus détendu qu'à son arrivée et le visage a perdu de son agressivité.

DEUXIÈME RENCONTRE : une séance de relaxation coréenne

Le lendemain de cette consultation, Michelle m’appelle afin que nous fixions un rendez-vous pour la semaine suivante. Lorsque Michelle arrive, le visage est triste mais l’agressivité est absente. Je lui demande si elle a envie d’évoquer quelque chose par rapport à ce qu’il s’est passé lors de la première consultation. Je perçois un blocage. Son visage est fermé. Nous reprenons le face à face et la discussion. Je «devine», qu’elle s’en veut d’avoir "lâché prise" lors de cette première consultation. La parole étant vraiment très difficile aujourd’hui, je lui propose une courte séance de relaxation coréenne. Michelle avait décidé de ne pas parler mais son corps, lui, a parlé. Si elle reste murée dans son silence, le corps s’est cependant détendu. Michelle s’en va, comme lors de la première séance, sans préciser si elle reviendra. Je respecte son choix.

TROISIÈME RENCONTRE : premières transformations

Ce n'est qu'un mois plus tard que Michelle me rappelle pour un rendez-vous. Lorsqu’elle arrive pour cette troisième consultation beaucoup de choses ont changé dans sa vie. Elle a pris la décision de quitter (provisoirement) sa maison dans les Alpes-de-Haute-Provence et de venir s'installer en région parisienne où elle y a trouvé un emploi. Tant qu’il s’agit de parler de l’organisation de sa vie, à savoir, vente ou achat d’un appartement, son emploi, etc. Michelle parle sans difficulté, je dirais même qu’elle est prolixe, mais lorsque j’aborde «l’émotionnel» elle se bloque et se referme. Je lui propose donc à nouveau une séance de relaxation coréenne. Dès le début, le corps se détend. Cette séance de relaxation ne durera qu’une dizaine de minutes mais je vois son visage se transformer. Lorsque je lui demande de me dire quelles ont été ses sensations au cours de cette séance, elle me parle de son mari, de ses émotions, de ses peurs, de ses angoisses. J’en déduis que si je veux la faire avancer, lui donner envie de parler, de se confier, c’est vers un travail corporel, notamment le massage thérapeutique, que je dois l’orienter et non pas vers un travail psychique «de fond» auquel elle semble totalement réfractaire. A la fin de cette séance, en prenant soin de la rassurer, je lui propose pour la prochaine consultation, un massage de relaxation. En voyant son regard s'illuminer, je comprends que mon choix était pertinent ! C’est Michelle qui me proposera, en fin de séance et, pour la première fois, de prendre un rendez-vous pour la semaine suivante.

QUATRIÈME RENCONTRE : les bienfaits d’un massage thérapeutique

Michelle me précise qu'elle ne veut pas retirer ses nombreux colliers autour du cou (cadeau de son mari décédé qu’elle gardera jusqu’à sa mort et qu’elle ne retirera jamais affirme t'elle avec conviction !). Je respecte bien évidemment son souhait. A la fin du massage, au moment de la verbalisation, Michelle parle sans difficulté de ses sensations et de ses émotions. C’est avec le sourire qu’elle me demande un nouveau rendez-vous pour la semaine suivante.

DERNIÈRES RENCONTRES : la renaissance de Michèle « c’est du passé, j’ai bien changé depuis »

Michelle me parle, avec pudeur, du massage de relaxation qu’elle a reçu la semaine précédente. Elle en reconnaît les bienfaits mais je sens qu’elle n’ose pas en parler. Je pose des questions pour l’aider à «mettre en mots» sa souffrance. Les réponses sont laconiques. A nouveau, elle est murée dans le silence. Pourtant, lorsque je lui demande où elle en est par rapport à la promesse faite à son mari de ne JAMAIS consulter un thérapeute… elle balaye ma question d’un revers de main et une mimique du visage qui semblent signifier : «c’est du passé, j’ai bien changé depuis !». Malgré sa difficulté à verbaliser, je la sens de plus en plus confiante. Je propose alors quelques minutes de relaxation coréenne. Mêmes causes, mêmes effets, Michelle parle et fond en larmes. A la fin de cette séance, je suggère que nous poursuivions les prochaines consultations en massage de relaxation. Non seulement elle est ravie mais elle me demande s’il lui est possible de prendre ses rendez-vous à l’avance ! C'est ainsi qu'elle souhaitera fixer le jour et l’heure de dix séances supplémentaires.

Au cours des consultations suivantes (à raison d’une séance par semaine) chaque massage de relaxation sera suivi systématiquement d’une verbalisation. Michelle s’exprimera sur la longue maladie de son mari, sa peur de la solitude, son malaise à vivre dans ce corps en surcharge pondérale, etc.

Au fil des semaines, je vois Michelle se transformer petit à petit. Et des changements, il y en aura ! A commencer par ses colliers autour du cou (offerts par son mari et qu’elle avait juré de ne jamais quitter jusqu’à sa mort !) qu’elle retirera elle-même dès la deuxième séance de massage thérapeutique; puis … qu’elle oubliera dans ma salle de consultation et enfin qu’elle laissera chez elle avant de venir se faire masser ! Une autre fois, elle arrivera avec une nouvelle couleur et une nouvelle coupe de cheveux. Après bien des hésitations, elle vendra enfin sa maison dans les Alpes-de-Haute-Provence, la maison où elle a vécu vingt ans avec son mari et fera l’acquisition d’un appartement en région parisienne. L’étape franchie est immense. C’est avec un grand sourire que je vois arriver Michelle à chaque séance même si, parfois, l’extériorisation de certains souvenirs traumatisants est douloureuse. Je l’écoute, je la rassure et je la guide avec bienveillance. Puis, elle décidera de suivre un régime alimentaire et de faire un peu de culture physique jusqu’au moment où … elle fera la connaissance d’Albert. Elle m’en parle aussitôt. Elle s’interroge. Elle est désemparée. Albert l’attire mais l’aventure sentimentale l’effraie. Après chaque séance de massage thérapeutique, nous échangeons longuement à ce sujet. Je l’aide à se dépouiller petit à petit de son sentiment de culpabilisation et de ses scrupules par rapport à son défunt mari.

ÉPILOGUE : Michèle et le retour à la joie de vivre !

Michelle vit aujourd’hui avec Albert dans une maison qu’ils ont achetée ensemble. La famille ainsi «recomposée» leur permet de réunir régulièrement enfants et petits-enfants respectifs. En s’engageant dans cette thérapie brève, le but de Michelle a été atteint : elle a dépassé la souffrance provoquée par le décès de son mari et a retrouvé la joie de vivre !

Chantal Vincent - Somatothérapeute

NB. Si vous souhaitez en savoir davantage sur ma pratique, je vous invite à vous rendre sur mon site internet : http://www.chantalvincent.com/. Pour prendre un